Autogestion

Dans sa définition classique, l'autogestion est le fait, pour un groupe d'individus ou une structure reconnue, de prendre les décisions concernant ce groupe ou cette structure par la totalité des personnes membres du groupe ou de la structure reconnue.


Catégories :

Mode d'organisation - Outil du management de la qualité - Outil du management - Management - Anarchisme - Économie sociale - Réappropriation - Coopération

Définitions :

  • (Politique) Contrôle et management de l'entreprise par les salariés, eux-mêmes, ou par leurs représentants élus (source : fr.wiktionary)

Dans sa définition classique, l'autogestion (du grec autos «soi-même» et du latin gestĭo, «gérer») est le fait, pour un groupe d'individus ou une structure reconnue, de prendre les décisions concernant ce groupe ou cette structure par la totalité des personnes membres du groupe ou de la structure reconnue. Cette définition peut s'appliquer en France à la plupart d'associations par exemple.

Il existe cependant une autre définition, plus politique ; y sont intégrés d'autres paramètres avec une certaine variabilité. Ses postulats sont la suppression de toute distinction entre dirigeants et dirigés, la transparence et la légitimité des décisions, la non appropriation par certains des richesses produites par la collectivité, l'affirmation de l'aptitude des humains à s'organiser sans dirigeant. Cette définition se construit généralement explicitement contre des pratiques qualifiées d'hiérarchiques, autoritaires, verticales, contre des formes de dépossession que formeraient certains modes d'organisation. En d'autres termes, ce type d'autogestion permettrait une réappropriation d'une forme d'organisation collective. D'autre part, cette définition permet des pratiques d'autogestion qui ne se limitent pas au seul champ économique.

Historique

Historiquement, cette pratique a été développée par les Associations ouvrières des débuts de la révolution industrielle puis adoptée par la Première Internationale Ouvrière (Association internationale des travailleurs ou AIT) («L'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes», formule écrite par Karl Marx pour l'AIT), conceptualisée par Pierre Joseph Proudhon et les anarchistes, par les libéraux et depuis quelques années ce mot est à l'honneur dans les entreprises (autonomie ou semi-autonomie - contrôlée par la hiérarchie - du travail personnel, mais sans doute pas pouvoir gestionnaire sur l'entreprise et sur son chiffre d'affaire). Il existe cependant de nombreux exemples d'entreprises autogérées comme la mine de Tower Colliery dans le Pays de Galles ou bien le réseau français des sociétés coopératives ouvrières de production SCOP qui représente plus de 1 200 entreprises et plus de 20 000 salariés. Plus récemment toujours, les pays latino-américains, sous l'effet de crises sociales et économiques, illustrent un nouveau développement de l'autogestion avec la réappropriation d'entreprises abandonnées ou mises en faillite par leurs propriétaires, surtout en Argentine avec par exemple l'entreprise Zanon, où le mot d'ordre était «Resistir, Occupar, Producir». Les communautés zapatistes du Mexique et leurs autogouvernements sont un autre visage de la pratique autogestionnaire.

Mais c'est le maréchal yougoslave Tito qui fit inscrire l'autogestion dans la constitution de la Yougoslavie. Bien avant lui, la Commune de Paris (1871), la Russie des Soviets (1917), la révolution espagnole de 1936 à 1938, les kibboutz d'Israël, l'Algérie décolonisée, etc… ont alimenté les pratiques et les débats sur l'autogestion.

Une partie du mouvement syndical s'est aussi approprié le modèle de l'autogestion, et l'a, depuis, délaissé (CFDT). Une autre partie y a toujours été hostile, pour des raisons stratégiques ou idéologiques (FO, CGT). Cependant, les seules références syndicales contemporaines à l'autogestion en France restent minoritaires, cantonnées principalement aux syndicats de l'Union syndicale Solidaires (union auquel appartiennent les syndicats SUD), aux courants École Émancipée et Émancipation, à la CNT-Vignoles ainsi qu'à la CNT-AIT.

Enfin, un certain nombre de collectifs divers et d'entreprises adoptent toujours l'autogestion comme modalité démocratique et finalité : des squats, des radios libres, des librairies, des coopératives…

Pratiques

La condition de base est que les membres d'un projet renoncent à penser, vouloir et décider pour les autres, mais se centrent au contraire sur ce qu'ils veulent pour eux-mêmes, qu'ils assument pleinement dès le départ le caractère personnel et localisé de leurs demandes, leur statut de participants.

Les clivages structuraux habituels entre «chefs» et «participants» disparaissent dès le départ, aux niveaux économique, politique, idéologique et psychologique ; du moins s'agit-il d'une intention. Le principe de base étant la recherche de consensus. Il faut cependant réaffirmer que l'autogestion se définit par une profonde pluralité, tant dans ses outils de décisions, que dans ses structures (association, SCOP, SARL…) ou dans sa finalité (cogestion, hétérogestion, abolition du salariat…).

Un projet autogéré se doit de se doter de structures permettant à chaque participant de faire connaître et valoir ses intérêts. L'autogestion n'implique pas une absence de règles, mais que les règles soient décidées par les personnes concernées. Trouver un consensus satisfaisant est un processus qui demande généralement énormément de temps de discussion, mais la décision finale convenant aux intéressés, elle sera plus facilement applicable.

L'autogestion est en particulier défendue par les courants politiques se réclamant de l'anarchisme, du conseillisme, du communisme libertaire, ou du syndicalisme-révolutionnaire.

Le mouvement syndical français avec la CFDT propose à son congrès de 1970 une alternative à la société capitaliste : l'autogestion des entreprises. Des courants socialistes (PSU, Objectif socialiste, CERES) ou issus du trotskysme (AMR) se réclament aussi de l'autogestion. Après l'adhésion de Michel Rocard et de militants du PSU, le Parti socialiste se proclama partisan du socialisme autogestionnaire dans les années 1970, qu'il a tenté de définir dans les «quinze thèses sur l'autogestion» des 21 et 22 juin 1975, sans remettre en cause les objectifs immédiats du programme commun. Après l'avoir combattu, le PCF adopte cette thématique par une déclaration solennelle adressée à la CFDT le 7 novembre 1977. Il inscrit le socialisme autogestionnaire dans ses statuts lors du XXIIIe Congrès en 1979. Les idées autogestionnaires ont reculé avec la perspective socialiste et le «recentrage» de la CFDT. Actuellement elles sont toujours portées par de petites formations : CNT-Vignoles, CNT-AIT, Fédération anarchiste, SCALP, Coordination des Groupes Anarchistes, Organisation communiste libertaire, Offensive libertaire et sociale, Les Alternatifs, Alternative libertaire, Le Militant, Union des anarchistes

La méthode pédagogique Freinet a aussi pratiqué l'autogestion à partir du milieu des années 1960, son introduction s'est faite au terme d'une réflexion sur les méthodes pédagogiques non cœrcitives.

Dans une certaine mesure, on considère généralement Wikipédia comme la première encyclopédie autogérée.

Expériences d'autogestion

L'Espagne républicaine

Une des expériences d'autogestion a eu lieu en Espagne républicaine en 1936-1939, essentiellement en Catalogne et en Aragon. Cette expérience était d'inspiration anarchiste. Les communistes, beaucoup instrumentalisés par l'Union soviétique, y mirent fin dans la majorité des cas en 1937, pour réorienter l'économie du pays vers la poursuite de la guerre et de diminuer l'influence des anarchistes. Les dernières expériences s'arrêtèrent à la victoire de Franco. Les résultats furent particulièrement variables suivant les cas, mais on peut dire que ce fut généralement un succès dans l'agriculture et un échec dans l'industrie. Il faut cependant signaler que fréquemment, les matières premières et/ou les débouchés commerciaux respectant les traditions des usines se trouvaient en Espagne nationaliste, ce qui peut expliquer les problèmes rencontrés. La brièveté de ces expérimentations (généralement de quelques mois) ne permet pas de tirer de conclusions définitives sur leurs résultats à long terme.

L'expérience yougoslave

On peut aussi citer l'expérience yougoslave, dont il faut distinguer deux parties : durant la première, centralisatrice et étatiste (de la fin des années 1950 aux années 1970), l'État centralise les informations et envoie des commandes aux industries. Les ouvriers sont supposés gérer l'entreprise pour répondre à cette commande, il ne s'agit par conséquent pas d'un modèle de marché. Dans la seconde partie, au contraire, les ouvriers s'organisent comme le ferait une entreprise libérale : ils définissent la production, le marché est libre, etc.

L'expérience algérienne

Dès l'indépendance de l'Algérie, en 1962, dans certains «Biens vacants» laissés par les colons (des domaines agricoles et de petites et moyennes entreprises), les anciens salariés se sont constitués en Comité de gestion afin d'assurer la continuité de la production mais également, et en particulier, pour réorienter leurs activités vers la satisfaction des «besoins du peuple». L'instauration d'un État centralisé et le contrôle politique du travail mirent rapidement fin à ces expériences ouvrières d'autogestion.

Centre universitaire expérimental de Vincennes

Le centre universitaire expérimental de Vincennes a été créée suite au mouvement de mai 68 afin d'expérimenter un fonctionnement autogestionnaire. Source d'une grande émulation intellectuelle, il fut détruit en 1980.

Autres exemples

Communautés de vie, coopératives ouvrières et revendications métropolitaines (France, Italie, Amérique latine)  :

Critiques

Une critique principale de l'autogestion porte sur son inefficacité relative en comparaison avec une économie capitaliste. Ainsi, les travaux de James Meade ont montré que l'entreprise autogérée a un comportement bien plus malthusien que l'entreprise capitaliste : il montre par exemple que dans un contexte de hausse des prix, l'entreprise capitaliste augmentera sa force de travail encore plus que l'entreprise autogérée. L'entreprise autogérée préfèrera avoir recours au capital plutôt qu'au travail, pour ne pas diminuer les revenus de ses membres[7]. [réf.  insuffisante]

Donc, l'économiste libéral Henri Lepage écrit en 1976 (pour l'institut de l'entreprise), que l'autogestion «n'est pas capable d'assurer spontanément la meilleure utilisation envisageable des ressources rares de la communauté», à la différence de l'économie de marché [8].


Notes et références

  1. Voir le film de Anne Argouse et Hugues Peyret Les Fagor et les Brandt, 2007
  2. Voir Louviers : Sur la route de l'autogestion par Christophe Wargny, éd. Syros, 1976
  3. Voir «La Communauté de Jansiac - La Nef des Fous» par Michel Bernard
  4. Voir Vincenzo Ruggiero, «Les Centri Sociali à Milan», Annales de la Recherche Urbaine, 1999
  5. Voir le documentaire de Naomi Klein The Take, 2004
  6. Voir «L'architecture action : de la co-participation à l'autogestion» dans Ecorev, 2007
  7. Travaux de Meade cités par Henri Lepage
  8. Étude d'Henri Lepage pour l'Institut de l'entreprise

Voir aussi

Mouvements liés :

Liens externes

Bibliographie

Bibliographie générale

Filmographie

Radiophonie

Ils en parlent :

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"Une forme d'autogestion. :-)"

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